Le Jardin

Devant moi s’étend un jardin luxuriant, le ciel est d’un bleu comme je n’en ai jamais vu, un soleil radieux l’illumine.

Une vision céleste s’offre à mes yeux : des fleurs à perte de vue, leurs couleurs sont éclatantes et un parfum envoûtant s’en dégage.

Le chant des oiseaux est comme une symphonie qui rythme le butinement des abeilles ; des papillons volent autour de moi et viennent se poser au creux de mes mains.

Une cascade de rires cristallins vient se mêler au bruissement de la nature.

Ce sont des enfants au visage angélique.

Ils se tiennent par la main et dansent sur une comptine : « Ainsi font font font les petites marionnettes, trois petits tours et puis s’en vont… »

Tout cela me rend d’humeur poétique, je me couche sur l’herbe, ferme les yeux, un poème se compose dans ma tête : « Ce jardin paradisiaque est comme une île où se perd ma mémoire… »

Tient ! Plus un son. J’ouvre les yeux, le ciel est gris, recouvert de nuages qui mangent petit à petit le soleil, le vent se lève, la pluie commence à tomber, à petites gouttes d’abord, elle deviennent vite de plus en plus forte.

Mais ce n’est pas de l’eau !

C’est du sang !

Mes vêtements me collent à la peau.

Une à une les fleurs perdent leurs couleurs flamboyantes et de se fanent.

 

Soudain, les oiseaux, les abeilles et les papillons foncent droit sur moi.

Affolé je me mets à courir, mon cœur bat à tout rompre.

Le joli petit minois des enfants se change en quelque chose de difforme, le visage s’allonge, leurs yeux brillent d’une lueur démoniaque et leurs dents tombent pour faire place à des crocs aussi tranchants que des lames de rasoirs.

Un couteau à la main, ils avancent vers moi d’un pas vif.

 

Maintenant ce sont les éclairs qui viennent se joindre à mon malheur, on dirait qu’ils me pourchassent.

Courant le plus vite possible pour échapper à mes assaillants, mes jambes s’enfoncent dans la boue. J’ai l’impression que mon cœur va exploser et un mal de tête me tambourine le crâne.

 

Ils sont toujours derrière moi j’entends leur ricanement… un ricanement à vous glacer le sang. Ma respiration devient difficile et saccadée, mon visage est couvert de sang qui m’aveugle.

Ce jardin n’a-t-il donc pas de fin ?

Une douleur atroce m’irradie la cuisse et me fait un mal de chien. Malgré la souffrance, je m’efforce de fuir.

Un éclair foudroie un arbre qui vient s’écraser à mes pieds dans un vacarme infernal.

En voulant le franchir, quelque chose me retient, ce sont les branches qui s’enroulent autour des mes chevilles. Elles me projettent à terre avec une violence inouïe.

J’ai à peine le temps de reprendre mes esprits que les oiseaux mes piquent de leur bec, les abeilles enfoncent leur dard dans le moindre centimètre de peau nue et les papillons, de leurs ailes me tailladent le visage.

Mais, à l’approche des enfants, ils s’envolent se réfugier dans les futaies.

Je trouve encore la force de ramper et de me retourner.

Les enfants sont là !

Tout en me rouant de coups de pieds, je les entends ricaner, ricaner… ricaner si fort !

Je sens qu’ils me tiennent par les bras et les jambes, ils m’attachent à un arbre avec du fil barbelé qui s’enfonce dans mes flancs. Ils continuent à me frapper. Et toujours ce même ricanement. Le sang qui coule sur leur visage rend leurs traits encore plus terrifiants.

Dansant autour de l’arbre, ils me plantent un à un leur couteau dans le ventre.

Et ils rient, rient…

Ils me regardent agoniser.

Je ferme les yeux en espérant la mort.

 

 

Une sonnerie retentit.

Je m’attends au pire… J’entrouvre les paupières.

Mais je suis dans ma chambre.

Tout cela n’était donc qu’un mauvais rêve !

 

Pourtant, j’entends encore ces ricanements dans ma tête !

Ces ricanements vont me rendre dingue !

Une voix dans ma tête me dit « Tue – les et tu en seras débarrassé ! »

Je remarque des yeux qui brillent dans l’ombre.

De regards fixent, sans un cillement de paupières… !

Je les reconnais… Ce sont eux !

Ils me poursuivent jusque chez moi !

Je descends à la cuisine et m’empare d’un couteau à la lame bien tranchante.

Je remonte l’escalier, la voix ne cesse de me répéter « Tue – les ! Tue – les ! »

 

Et de nouveau leurs rires, ils ricanent la-haut, chez moi dans ma chambre !

Mais à moi de rire maintenant !

Ils me regardent fixement…

 

Vous avez peur hein !

A présent, vous allez souffrir comme j’ai souffert !

« Tue – les ! Tue – les ! Tue – les ! »

Les prenant un à un je leur tranche la gorge, le sang s’écoule par saccade, je les regarde agoniser petit à petit.

Une marre de sang envahit la pièce.

Les ricanements se sont tus.

Quel soulagement. Je descends tranquillement au salon, je me sers un whisky et éclate de rire.

 

 

Etrange découverte à Charleroi

Suite à des plaintes pour tapage nocturne, la police a perquisitionné au domicile de M. O.R.

L’homme était assis dans son fauteuil en train de rire aux éclats, un couteau à la main.

Il n’arrêtait pas de répéter « Ils se sont tus ! Ils se sont tus ! Ils se sont tus ! »

La police a découvert, jonchant le sol de la chambre des morceaux de poupées désarticulées et décapitées.

Selon les voisins, depuis le divorce, l’individu se comportait étrangement : il avait dernièrement déchiré et brûlé les vêtements que son ex - épouse avait laissé au domicile conjugale.

Il a donc à présent, détruit la collection complète de poupées de son ex – femme détruisant ainsi les dernières traces de sa vie conjugale.

L’homme a été arrêté et conduit à l’hôpital psychiatrique le plus proche.

 

Extrait de « Vue de Belgique » du 13/04/01

 

 

 

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